Les bûchers reprennent du service. Pour le plus grand intérêt des scientifiques. Si vous êtes adeptes du manche à balai pour vous promener, attention à vous, la chasse aux sorcières fait encore des émules dans plusieurs pays. Ainsi une équipe, très sérieuse, d’éminents scientifiques, se réunit de jeudi à samedi à Vardoe dans le Grand Nord norvégien. Un haut lieu de la chasse aux sorcières au 17e siècle. Ils échangeront sur la sorcellerie et la perception qu’on en a dans les sociétés anciennes et contemporaines.
Car «Si les sorcières ou les personnes présumées telles ne sont plus persécutées en Occident, elles le sont encore couramment en Afrique, au Mexique, en Inde, en Indonésie et en Malaisie», explique l’historien Rune Blix Hagen, un des organisateurs de la conférence. Selon lui, on a brûlé ces 50 dernières années plus de sorcières dans ces pays qu’en Europe aux 16e et 17e siècles.
Petit voyage dans le temps. Triste sort que celui de ces femmes censées en jeter pour le malheur de leurs contemporains. L’Europe a connu deux grosses vagues de chasse à ce gibier particulier. De 1480 à 1520 et de 1560 à 1650, les tribunaux de l’Inquisition et ceux de la Réforme envoient environ 50 000 femmes au bûcher. Au-delà de ces procès, certaines pratiques de l’époque pour démasquer les sorcières font froid dans le dos. Un test répandu: attacher les mains et les pieds de la suspecte puis la jeter à l’eau. La sorcière, supposée plus légère que l’eau, flotte. Repêchée, on la sèche avant de la brûler vive. Si par malheur la femme se noie, elle n’est pas une sorcière mais meurt quand même, innocente.
Hier comme aujourd’hui, la figure de la sorcière déchaîne les passions. Souvent bouc émissaires, elles jouent un rôle de régulateur social dans la société. On les pointe du doigt comme responsable des maux qui touchent la communauté: maladie, famine, accidents.
En marge de ces condamnations qui perdurent, la sorcellerie rime aussi avec magie. Effets combinés du petit sorcier à lunettes et de séries télé. Aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et au Canada, on trouve de plus en plus d’adeptes de la Wicca. Sorte de philosophie néo-païenne qui puise ses croyances dans le chamanisme, le druidisme, elle prône un retour au culte de la Nature et vénère l’esprit de la Terre. Leur seule règle: «Fais ce qu’il te plaît tant que cela ne nuit à personne». Chaleureuses ces sorcières finalement...