Ou le féminin à la hauteur du masculin, au moins. En grammaire comme dans la vie. C’est le souhait de Patricia Niedzwiecki, auteure et réalisatrice qui sort une version actualisée d’ Au féminin ! Code de Féminisation. Tout commence en 1986 avec la Commission de Terminologie crée par Yvette Roudy et présidée par Benoîte Groult. Effectuant sa thèse sur « La différenciation sexuelle et les comportements verbaux et non verbaux féminins et masculins », la chercheuse est conviée à se joindre à la réflexion. Pour le 20e anniversaire de cette Commission paraît un supplément au livre, présenté lors d’un colloque au Parlement européen.
La première édition du livre sort en 1994. « C’est un ouvrage de référence, fait pour rester », décrit son auteure. « Il prône la féminisation du langage car les hommes, qui définissent souvent le langage, le masculinisent sans se poser de question. Dans toutes les langues on retrouve la règle : « le masculin l’emporte sur le féminin ». Or, elle n’est pas valable », ajoute-t-elle.
En juin 1993, le Conseil de la Communauté française de Belgique vote un décret et depuis janvier 1994, les règles de féminisation s’appliquent aux noms de métier, fonction, grade ou titre lorsqu’ils désignent une femme. Cette réforme signe un changement de société. Mais les habitudes ont la dent dure. Et en plus de cela, certaines féminisations, de métier notamment, donnent lieu à des expressions franchement ubuesques. Ainsi, la femme qui travaille dans un café serait appelée cafetière. Pas forcément très flatteur quand on veut occulter l’idée de femme objet. Selon Patricia Niedzwiecki, « Tant que l’on n’atteint pas 33 à 35% de femmes dans une profession, le terme a du mal à se féminiser ».
L’auteur défend l’idée que la langue doit être précurseur mais aussi reflet de l’évolution de la société. Dans son livre, elle écrit : « La langue est vivante, elle est capable d’inclure les nouvelles réalités sociales, de combler les lacunes, de clarifier l’usage en éliminant l’aliénation langagière des femmes ». La masculinité du langage appauvrit sa diversité et son usage. « La plupart des grands écrivains féminisent beaucoup leur langage, Malherbe ou Voltaire. On n’écrit pas bien sans féminisation de la langue ».
Malgré tout la femme reste « positive et optimiste, même si c’est un travail de longue haleine de changement des mentalités qui reste difficile surtout aux plus haut niveaux du pouvoir ». Et de conclure le colloque sur ce conseil avisé pour les femmes de l’assistance : « Le pouvoir est entre nos mains mesdames ». La femme est l’avenir de l’homme, disait le poète…